La situation des enfants avec un handicap en Côte d’Ivoire

 « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » Les enfants ont droit « à une aide et une assistance spéciales. » Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948


Hello la team 👋aujourd’hui j’aimerais vous entretenir sur un sujet qui me tient à cœur: la situation des enfants en situation de handicap en Côte d’Ivoire. Récemment, dans mes recherches et après avoir parcouru quelques témoignages de familles qui avaient en leur sein des enfants handicapés, je fus éprise d’une énorme compassion face aux défis auxquels ils sont confrontés et j’ai dès lors décidé de me pencher un peu plus sur la question.

Pourquoi j’ai décidé d’écrire cet article ? Eh bien, fort est de constater que plusieurs initiatives en faveur des enfants sont entreprises mais très peu militent spécialement pour la cause des enfants en situation de handicap, ce qui fait que cette catégorie d’enfants se trouve lésée et négligée.

Pour ma part, j'espère à la fin de votre lecture que vous en apprendrez un peu plus et que vous vous familiariserez  avec les enfants handicapés de votre entourage pour apporter votre soutien et leur dire : VOUS N’ÊTES PAS SEULS!


I- contexte social et définition du handicap 


En Côte d'Ivoire, les enfants handicapés sont

particulièrement vulnérables et souvent négligés donc très largement discriminés au sein de la société. L'enfant en situation de handicap est suspecté d'être enfant-sorcier selon la tradition. Et même, certaines traditions prévoient  un rite d'accompagnement pour supprimer les enfants handicapés en Côte d'Ivoire. Le handicap est tabou, il représente un sujet qui fâche, qui dérange.  En effet, avoir un enfant en situation de handicap est presque considéré comme une malédiction selon l’idéologie sociale traditionnelle.

 

Mais c’est quoi le handicap ? 


Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « est handicapée toute personne dont l’intégrité physique ou mentale est passagèrement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge ou d’un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouvent compromise. »

Cela peut engendrer des difficultés dans divers domaines tels que la mobilité, la communication ou l'apprentissage.


Le rejet des enfants handicapés n’est-il pas fruit d’une grande ignorance ?


II- Forte ignorance sur le handicap en général


Le manque d'informations sur le handicap en Côte d'Ivoire est significatif. Les enfants en situation de handicap sont souvent rejetés, principalement par ignorance. Pour les superstitieux, un enfant handicapé est parfois considéré comme le résultat de pratiques mystiques des parents, engendrant différentes interprétations sans réelle compréhension des causes. De manière plus grave, les parents eux-mêmes peuvent méconnaître le handicap de leur enfant, surtout dans le cas des handicaps intellectuels. Ces enfants sont souvent regroupés sous le terme générique de "enfants bête-bête", sans distinction des différents handicaps.


Cette situation est exacerbée par le fait que dans les hôpitaux publics, peu de médecins prennent le temps d'expliquer aux parents les origines du handicap et ses implications sur le développement de l'enfant. Les parents se retrouvent donc à mener leurs propres recherches, principalement sur internet. Cependant, compte tenu du taux élevé d'analphabétisme en Côte d'Ivoire, qui est de 51% selon l'Unesco en 2013, cette option n'est utilisée que par un nombre restreint de parents.



III- Quels sont les organismes étatiques et structures privées qui accueillent les enfants en situation de handicap ? 


1- organismes étatiques

 En Côte d'Ivoire, deux établissements, l'INIPA (Institut National Ivoirien pour la Promotion des Aveugles) et l'ECIS (Ecole Ivoirienne pour les Sourds), ont été créés en 1974 pour prendre en charge les enfants en situation de handicap sensoriel. Cependant, pour les enfants en situation de handicap intellectuel, il n'y a actuellement aucune structure étatique de prise en charge, à l'exception d'initiatives privées. Cette situation souligne le besoin potentiel d'étendre les efforts pour répondre aux divers besoins des enfants en situation de handicap.

Aussi, l’État ivoirien a t-il consacré une pouponnière dédiée en prenant des dispositions à l’accueil et à la prise en charge de ces enfants. Ainsi les enfants handicapés abandonnés admis depuis plusieurs années pour certains dans les différentes pouponnières de la capitale, ont été regroupés à partir de 2015 à la pouponnière de Dabou, ville située à 45 km de la capitale économique de la Côte d’Ivoire.


2- les initiatives privées 


En plus des structures étatiques existantes, des structures privées sont mises en place pour accueillir les enfants en situation de handicap. On peut citer entre autre l’association pour la Réinsertion des Enfants par une Éducation Adaptée: avec une équipe composée d’éducateurs spécialisés, d’éducateurs préscolaires, d’un kinésithérapeute et bien d’autres professionnels, ils assurent l’éducation des enfants infirmes moteurs cérébraux, trisomiques, autistes et d’autres enfants atteints de troubles divers. Toutefois, leur capacité d’accueil est très limitée.

Également, Le BICE (Bureau of Immigration and Customs Enforcement) agit aux côtés des enfants avec un handicap depuis plus de 10 ans à Abidjan et soutient le fonctionnement d'un centre d'accueil

d'enfants en situation de handicap physique et/ou mental.

Objectif du projet : permettre aux enfants avec un handicap et à leurs parents d'accéder à des soins, à une éducation spécialisée, à des loisirs, à une vie sociale et à une autonomie la plus grande possible.

Les parents trouvent également un appui psychosocial et l'accompagnement dont ils ont besoin.

Les activités du BICE avec les enfants sont menées en partenariat avec l'association locale DDE-CI ( Dignité et Droits

pour les Enfants en Côte d'Ivoire)


En conclusion, la situation des enfants avec un handicap en Côte d'Ivoire requiert une attention urgente. Leur marginalisation due à l'ignorance et aux superstitions souligne la nécessité de sensibiliser la société, d'éduquer les parents et d'améliorer l'accès à des informations cruciales. Des efforts concertés sont essentiels pour créer une société plus inclusive où chaque enfant, indépendamment de son handicap, est reconnu, soutenu et a la possibilité de s'épanouir.







Quelques sources

http://www.scidev.net/afrique-sub-saharienne/education/actualites/l-ducation-inclusive-solution-l-insertion-des-enfants-handicap-s.html


Humanism.org




Corinne Thio, 

juriste, activiste, blogueuse 

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