Le corridor écologique de Taï: une collaboration transfrontalière entre la Côte d’Ivoire et le Liberia

La préservation de la biodiversité se doit d'être l'affaire de tous, tant il y va de la santé de notre planète que de la pérennité de nos écosystèmes. Dès lors, la création de réserves naturelles volontaires s'érige comme une solution prometteuse de renforcement de la protection des habitats ainsi que des espèces menacés. 

C'est dans ce contexte que nous soulignons une initiative remarquable ayant vu le jour à la frontière entre la côte d'ivoire et le Libéria; il s'agit de la création du corridor écologique de Taï, sous la forme d'une réserve naturelle volontaire (RNV). Mais avant d'aller plus loin, qu'est-ce donc une réserve naturelle volontaire?

Une réserve naturelle volontaire est un espace naturel protégé, créé à l'initiative de propriétaires privés ou publics, sur un terrain leur appartenant pour la préservation d'un écosystème.

Cette initiative innovante entre les deux pays témoigne d'une prise de conscience collective de l'importance de la protection de notre patrimoine culturel pour les générations à venir et d'un engagement commun pour la protection de la biodiversité, en réponse à l'objectif de développement durable numéro 15.


C'est ainsi qu'au titre du ministère de l'environnement, du développement durable et de la transition écologique, en liaison avec le ministère d'Etat, ministère de l'agriculture, du développement rural et des productions vivrières et le ministère des eaux et forêts, que le conseil des ministres du 1er Août 2024, tenu à Abidjan en côte d'ivoire a adopté un décret portant création de la réserve naturelle volontaire: "corridor écologique de Taï ". Cette réserve naturelle, d’une superficie de 197,6 hectares, est située le long de la rivière Saro, dans le Département de Taï. Elle est créée à la demande de la municipalité de Taï, pour contribuer à la restauration des écosystèmes, à la conservation de la diversité biologique, et à la lutte contre les changements climatiques dans la localité.

Conformément aux engagements internationaux de la côte d'ivoire en matière environnementale, la création du Corridor Ecologique de Taï élargit le réseau national d’aires protégées et renforce l’action du Gouvernement en matière de conservation de la diversité biologique. 



Quel est le contexte de création de ce corridor écologique?


Selon un rapport de la GIZ bureau Abidjan, en juillet 2017, le paysage du complexe forestier Taï-Grebo-Sapo contient les derniers vestiges des forêts denses humides d'Afrique occidentale. Il est composé essentiellement du Parc national de Taï (PNT), des forêts classées avoisinantes du Cavally, de Goin-Débé et de la Haute-Dodo du côté de la Côte d’Ivoire, et du Parc National de Sapo et de la Forêt de Grebo du côté du Liberia. Entourés d’espaces interstitiels du domaine rural, ces parcs nationaux et forêts classées forment un complexe d'écosystèmes à haute valeur, particulièrement importants pour la reproduction d’espèces végétales et animales, souvent rares ou en voie de disparition, pour la préservation des ressources hydriques et pour freiner le changement climatique. Aujourd’hui, cet espace se trouve sous une pression anthropique croissante, due principalement à l’exploitation forestière et au développement des activités agricoles et minières. La fragmentation du paysage forestier et l’isolement des massifs qui en découle a pour risque principal l’appauvrissement génétique des populations d’espèces animales et même végétales qui y sont présentes, voire l’extinction de certaines. 


Afin donc de favoriser la connectivité entre éléments de ce complexe forestier en vue d’une conservation de ce patrimoine génétique unique en Afrique de l’Ouest, une initiative de collaboration transfrontalière pour la gestion durable du complexe forestier de Taï-Grebo-Sapo à travers le renforcement de la connectivité écologique entre les massifs, a été lancée par les gouvernements du Liberia et de la Côte d'Ivoire avec l’organisation d’un premier atelier en 2009, suivi de deux autres en 2013 et 2015. 



En définitive, ce projet de création d'une réserve naturelle volontaire est une initiative à saluer car elle participera à la préservation de nos écosystèmes, essentiels pour une lutte efficace contre le changement climatique. Cette initiative  illustre un engagement commun des deux nations pour la conservation de la diversité biologique, conformément aux objectifs de développement durable et aux engagements environnementaux internationaux. 




Référencement 


  • Portail officiel du gouvernement de côte d'ivoire
  • Rapport de juillet 2017 de la GIZ bureau Abidjan (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH)




Corinne THIO

Juriste privatiste/ Blogueuse/ Activiste

Commentaires

  1. Emmanuel Tanoh Ahissan10 août 2024 à 08:41

    Par ce fabuleux article que vous nous donnez de lire, nous apprenons beaucoup, notamment en ce qui concerne le concept de Réserve Naturelle Volontaire ( RNV) et de son existence du côté sud-ouest de la Côte d’Ivoire, du fait de l’initiative transfontalière entre la Côte d’Ivoire et le Liberia.
    Autre point à mettre en évidence, ce article permet à tout personne ( physique ou morale) de se rendre compte de la nécessité de conserver les ressources naturelles et biologiques pour permettre le développement durable, qui est un enjeux de plus en plus réel.
    Bravo Corinne pour ce magnifique article !

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    Réponses
    1. Auteure du blog10 août 2024 à 09:33

      Merci aussi à vous d’avoir pris le temps de me lire et je suis ravie que vous trouviez cet article utile😊

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