Quand quelques volontés arbitraires prennent en otage une trajectoire professionnelle
Hello ma team! Aujourd'hui, j'aimerais vous entretenir sur un fait récurrent et malsain du monde professionnel : le harcèlement moral, en particulier celui exercé par des supérieurs hiérarchiques.
Combien sont nombreux ces travailleurs, qui se lèvent très tôt le matin, pour aller au travail avec la boule au ventre et l'esprit chargé? Combien sont ils nombreux, ceux qui se donnent corps et âme au service pour au final, voir leur travail méprisé et non considéré à leur juste valeur? Combien sont nombreux ces travailleurs, qui tombent en dépression, juste parce qu'ils subissent des agressions verbales de leurs supérieurs hiérarchiques?
Il est grand temps de dire STOP 🛑, trop c'est trop.
À travers cet article, je souhaite d'une part vous sensibiliser sur la gravité du problème et d'autres part, vous donner quelques conseils, si jamais vous vous retrouvez confrontés à une telle situation.
I- Définition et formes du harcèlement moral
Le code du travail ivoirien donne une définition du harcèlement moral en milieu professionnel. <<Constitue un harcèlement moral, les comportements abusifs, les menaces, les attaques, les paroles, les intimidations, les écrits, les attitudes, les agissements répétés à l'encontre d'un salarié, ayant pour objet ou pour effet la dégradation de ses conditions de travail et qui comme tels sont susceptibles de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.>> dispose l'article 5 du code du travail ivoirien. Pour que le harcèlement moral soit retenu, il faut que ces comportements ou agissements soient fréquents, répétés et qu'ils dégradent les conditions de travail du salarié ou qu'ils portent atteinte à son intégrité.
Ainsi, le harcèlement moral peut prendre diverses formes parmi lesquelles, la surcharge ou la sous-charge de travail. Cela peut se traduire par le fait que l'on vous impose des objectifs irréalisables ou des délais intenables, qu'on vous confie des tâches en inadéquation avec vos compétences (trop complexes ou trop simples et répétitives), ou encore qu'on vous retire des responsabilités importantes dans le but de vous humilier ou vous marginaliser.
Aussi, le harcèlement moral peut prendre la forme d'insultes, de sarcasmes, de remarques dévalorisantes, de critiques incessantes même en présence d’autrui, de menaces directes ou voilées sur la sécurité de l’emploi ou les perspectives professionnelles. L’auteur de ces agissements peut également vous exclure en omettant de vous informer des réunions ou des décisions importantes, ou encore en vous privant des moyens essentiels à l'accomplissement de votre travail, tels que le matériel, les informations ou l'accès aux ressources. Par ailleurs, les abus d’évaluations professionnelles visant à dévaloriser vos compétences, le refus systématique de promotions ou de formations sans justification et les sanctions disciplinaires injustifiées ou répétées, sont d'autres formes que peuvent prendre le harcèlement moral. Cette liste, bien que déjà longue, n’est pas exhaustive, car de nombreuses autres formes existent.
Afin de mieux comprendre l’impact de ces agissements sur la santé mentale et la vie en général des victimes, nous allons nous intéresser à un cas fictif inspiré de faits réels, celui d’Akouba, une jeune ivoirienne de 21 ans.
II- Le cas de Akouba, 21 ans
Akouba est une jeune fille ayant été employée au sein d’une grande entreprise de textile. Ses problèmes ont commencé lorsque l’une de ses collègues a été promue à un post de manager. Celle-ci adoptait un comportement agressif à son égard, tenait des propos dégradants et exerçait une pression constante, rendant son quotidien professionnel de plus en plus insoutenable. Lorsque Akouba a tenté d’alerter sa hiérarchie sur cette situation, aucune mesure concrète n’a été prise pour y remédier. Cette pression permanente a eu de graves répercussions sur la santé physique de Akouba. Résultat: elle souffrait d’hyperventilation (difficulté à respirer) et a développé des trous dans les cheveux à cause du stress.
Le cas d’Akouba illustre une réalité que vivent de nombreux salariés aujourd’hui. Certains risquent leur santé mentale et physique en raison du harcèlement moral, tandis que d’autres se voient refuser des promotions ou des opportunités de carrière en raison d’un supérieur hiérarchique qui abuse de son pouvoir.
Bien vrai que nous parlons ici du harcèlement moral exercé par des supérieurs hiérarchiques, il est important de souligner qu'il peut être aussi exercé par des collègues. Alors, la question qui se pose à ce stade est la suivante : que faut-il faire lorsque nous sommes confrontés à pareille situation?
III- La voie à suivre lorsqu'on est victime de harcèlement moral au travail
Si vous êtes confrontés à cette situation, il est conseillé dans un premier temps d'en informer la direction de l'entreprise. Si aucune amélioration n’est constatée, vous avez la possibilité de porter plainte contre l’auteur des agissements auprès de l’inspection du travail compétente. Celle-ci cherchera d’abord à résoudre le litige à l’amiable. Si aucune conciliation n’est possible, le dossier sera transféré au tribunal du travail, conformément au droit ivoirien.
La difficulté pour la victime face à ce problème se situera sans doute, au niveau de la preuve. Comment prouver qu'on se fait harceler au travail?
En droit ivoirien, le harcèlement moral se prouve par tous moyens. Cela peut être des témoignages de vos collègues, quoique difficile à obtenir en pratique, car beaucoup craignent d'éventuelles représailles. Toutefois, des correspondances, des emails ou tout autre document écrit peuvent également servir de preuves. La jurisprudence ivoirienne a d’ailleurs reconnu, dans un arrêt de la Cour d’appel d’Abidjan, que la multiplication de demandes d’explications adressées par un employeur à un salarié, peut constituer une preuve de harcèlement moral.
Si votre employeur est condamné, il peut être tenu, sur le plan civil, de vous verser des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi; et sur le plan pénal, il risque une peine d'emprisonnement allant de un à trois ans, ainsi qu'une amende comprise entre 360 000 et 1 000 000 de francs.
Quoique, conscient que chaque cas est particulier, il est fortement recommandé, lorsqu'on est victime de harcèlement moral, de consulter un avocat ou un juriste spécialisé en matière sociale, afin de vous guider au mieux vers la solution la plus adaptée à votre cas d'espèce. Ne laissez plus des personnes abusant de leur influence et position au travail, dégrader vos conditions de travail et compromettre votre trajectoire professionnelle.
Pour des conseils en matière sociale ou tout autre problématique juridique, n'hésitez pas à prendre attache avec moi via les coordonnées que je laisserai au bas de l'article. Au plaisir de vous proposer mes services.
Corinne THIO
Juriste, Blogueuse, Bénévole
E-mail : thiocorinne@gmail.com
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Je suis toujours fier de te lire. J'apprends énormément de belles choses de toi. Bonne continuation.
RépondreSupprimerJ’en suis énormément ravie. Merci ☺️
SupprimerBel article !
RépondreSupprimerJe suis vraiment charmé par la qualité de l'écriture et le message passé. Merci pour tous ces conseils et bonne continuation.
Un plaisir >> merci énormément 🤗
SupprimerBelle plume 🪶
RépondreSupprimerMerci beaucoup
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