À compétence égale, salaire égal !


Aujourd'hui, nous sommes le 08 mars, une date symbolique dans le monde entier. Loin d'être une simple célébration où l'on met à l'honneur les femmes, cette journée  met en lumière les avancées et les défis liés aux droits des femmes. La Journée internationale des femmes aussi appelée Journée internationale des droits des femmes, trouve son origine dans les luttes féministes et les mouvements socialistes du début du XXe siècle. À cette époque, dans plusieurs pays, les femmes se mobilisaient pour réclamer de meilleures conditions de travail, le droit de vote et l’égalité face aux hommes. Officialisée par les Nations unies en 1977, la journée du 08 mars se veut être l'occasion pour les femmes de discuter autour des enjeux liés à leurs droits, notamment l'égalité salariale, la lutte contre les violences faites aux femmes, le féminicide, la promotion de leur participation dans les sphères politique et économique, le droit à l'éducation etc.

Aujourd’hui encore, cette journée est une opportunité unique pour les femmes de faire entendre leurs voix, de réfléchir aux injustices qu'elles subissent, de mener des plaidoyers pour une plus grande reconnaissance de leurs droits,  et surtout de valoriser leur contribution dans tous les domaines de la société, que ce soit aux niveaux politique, économique, scientifique, culturel et professionnel.

Dans cet article, nous nous intéresserons principalement à l'égalité de traitement salarial entre hommes et femmes en Côte d'ivoire, en analysant les textes de lois qui fondent ce droit. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, il est important de comprendre la notion d'égalité salariale, plus précisément, entre homme et femme.

L'égalité salariale, qu'est-ce que c'est ?


L’égalité salariale, c’est accorder le même salaire à chaque individu pour un travail de valeur égale, quelle que soit son identité. En d’autres termes, à travail égal, salaire égal. Par exemple, une femme et un homme qui occupent le même poste avec les mêmes responsabilités, les mêmes compétences et la même charge de travail, doivent être payés de manière identique. Bien sûr, ce n'est pas donner le même salaire à tout le monde sans tenir compte des compétences, de l'expérience ou des performances ; c'est plutôt donner à chacun ce qu'il mérite de droit peu importe qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme. 

Quel est le fondement légal d'un tel principe ?

Que dit la loi ivoirienne sur l'égalité salariale ?

Le principe de l'égalité salariale en côte d'ivoire repose sur des textes juridiques tant internationaux que nationaux. Sur le plan international, la Côte d'Ivoire a ratifié deux conventions fondamentales de l'Organisation internationale du travail (OIT),  à savoir la convention n°100 de 1951 sur l'égalité de rémunération, qui promeut une rémunération égale pour un travail de valeur égale; et la convention n°111 de 1958 sur la discrimination en matière d'emploi et de profession, visant à éliminer toute forme de discrimination, y compris salariale, fondée sur le sexe.  Sur le plan national, la Constitution ivoirienne de 2016 en ses articles 4 et 15 promeut l'égalité de tous les ivoiriens en droit, interdit toutes formes de discrimination et prône des conditions de travail décentes et une rémunération équitable à tous les citoyens indépendamment de leurs sexes. Ces dispositions sont complétées par le Code du travail ivoirien en son article 31.2 qui dispose : « Dans les conditions prévues au présent titre, tout employeur est tenu d'assurer, pour un même travail ou un travail de valeur égale, l'égalité de rémunération entre les salariés, quels que soient leur sexe, leur âge, leur ascendance nationale, leur race, leur religion, leurs opinions politiques et religieuses, leur origine sociale, leur appartenance ou leur non appartenance à un syndicat.

Sont considérés comme ayant une valeur égale les travaux qui exigent des salariés un ensemble comparable de connaissances professionnelles consacrées par un titre, un diplôme ou une pratique professionnelle, de capacités découlant de l'expérience acquise, de responsabilités et de charge physique ou mentale. » 


Mais si l'égalité salariale est suffisamment encadrée, pourquoi assistons- nous encore à des disparités salariales aujourd'hui? 

Des inégalités salariales persistantes


Malgré ce cadre juridique solidement établi à priori, des défis persistent. Les
 disparités salariales sont réelles et justifiées par plusieurs facteurs. Tout d'abord, d'un point de vue historique, les hommes étaient considérés comme les principaux soutiens financiers des familles, ce qui justifiait qu’ils soient mieux rémunérés. Ce raisonnement, bien que n'ayant plus de fondement aujourd’hui du fait de l'émancipation de la femme, continue toutefois d’influencer certaines pratiques. En outre, certaines personnes estiment qu’un homme serait plus fiable et investi dans son travail qu’une femme, en particulier pour des postes de responsabilité, car la femme, en tant que mère de famille, est plus susceptible de s'absenter pour cause de maternité, d’éducation ou de santé des enfants. Or, limiter la progression de carrière d'une femme pour de telles causes est injuste  vis-à-vis de l'homme qui n'est pas confronté à cette réalité.  Par ailleurs, les femmes sont souvent moins bien préparées ou moins encouragées à négocier leurs salaires; elles acceptent le plus souvent des rémunérations inférieures à celles de leurs collègues masculins.

Mais alors, que faut-il faire pour changer les choses ?

Pourquoi l'égalité salariale est-elle essentielle pour la société et que faut-il faire pour faire respecter ce droit ? 

L'égalité salariale ne doit pas être une simple proclamation de principe, mais une réalité perceptible dans les entreprises et dans les administrations. L’égalité salariale ne profite pas uniquement aux femmes, mais à l'ensemble de la société. Lorsqu’une femme perçoit un salaire équitable, c’est toute sa famille qui en bénéficie : ce sont ses enfants qui recevront une meilleure santé, une meilleure éducation, un meilleur avenir. De plus, des études ont démontré que les entreprises qui respectent l'égalité salariale attirent et retiennent les talents, favorisent un climat de confiance et participent à une société plus inclusive. 

Afin de faire respecter ce droit, il est important que les femmes soient encouragées à revendiquer leurs droits et à négocier leurs salaires. Les employeurs de leur coté doivent être sensibilisés aux enjeux de l'égalité salariale. Aussi, les mesures de contrôle des autorités compétentes doivent- elles être renforcées pour assurer la transparence des grilles salariales, l'égalité des rémunérations et les sanctions en cas de disparité salariale avérée. Parce que les femmes travaillent autant et parfois plus que les hommes, elles méritent donc d’être payées à leur juste valeur.


Bonne célébration du 08 mars à toutes les femmes du monde. Faites entendre votre voix sur des sujets qui méritent une attention particulière et qui participent à votre épanouissement, car c'est ensemble, avec tous nos efforts conjugués, que nous parviendrons à une société plus juste et respectueuse des droits des femmes. 





                                   Corinne THIO

                         Juriste, Blogueuse, Bénévole


 

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